Apprendre une langue avec un coach pour moins de 50 euros par mois… L’entreprise peut sembler trop belle pour être vraie dans un marché où les prix varient généralement entre 50 et 75 euros de l’heure ! C’est pourtant la promesse d’International House London et Albert learning, deux des centres proposant des cours de langue low cost. Comment expliquer ce qui ressemble à un tour de force ? Pourquoi de tels écarts de prix entre ces plateformes et des concurrents tels que Lingua phone, BTL, Ambos formation, Elysée langue et autres écoles de langue plus « classiques » pour une prestation apparemment identique ?
Des stagiaires-enseignants ou des profs délocalisés
L’explication est principalement à chercher du côté de la main d’œuvre employée. International House London, entreprise anglaise sexagénaire devenue une véritable institution outre-manche annonce d’emblée la couleur. Les formateurs dédiés aux cours low-cost sont des stagiaires ‘en voie de professionnalisation’. Autrement dit des apprentis formateurs ne disposant pas encore de l’expérience ni de la qualification habituellement exigées par les centres de formation.
Pour baisser leurs coûts et donc proposer des tarifs ultra compétitifs, les Français d’Albert Learning ont choisi une autre formule. La délocalisation à Mumbai en Inde. Une destination longtemps privilégiée par les géants de l’industrie et du textile en raison des coûts humains extrêmement bas. Mais pas seulement. Faiblement rémunérée – entre 3 et 6 euros de l’heure, sans minimum garanti pour un prof d’anglais – la main d’œuvre locale est aussi très qualifiée. C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments de vente mis en avant sur la plateforme. Outre l’anglais, le site propose par ailleurs des cours d’espagnol, de russe ou de chinois. « Nos formateurs sont expérimentés et certifiés », peut-on lire sur le site sans précision sur le type de certification en question.
Pour acquérir les bases
Qu’ils soient titulaires d’un certificat d’aptitude, d’un diplôme d’enseignement comme le CELTA ou TEFL, ou qu’ils soient autodidactes, ces recrues sont avant tout jugées sur leur maîtrise de la langue. Leur capacité à partager ce savoir aussi. Bien qu’anglophones, leur accent peut être très éloigné de la langue des natifs. « Ce n’est pas vraiment un problème si pour vous l’objectif est avant tout d’apprendre les bases en grammaire et d’acquérir du vocabulaire » tempère un expert. « Un accent indien peut même s’avérer plus facile à comprendre pour des débutants en anglais que celui d’un Londonien. Les choses se compliquent dès qu’on dépasse le simple échange conversationnel. Si on veut approfondir ses connaissances, se spécialiser en anglais des affaires ou préparer des discours devant une assemblée par exemple… Bref pour un usage professionnel, ces centres ne sont pas nécessairement une bonne option. »
Le choix se fait en fonction de son budget, de ses objectifs et de son style d’apprentissage
Dans les forums spécialisés, certaines critiques sont récurrentes :
• – le téléopérateur semble formaté, le dialogue stéréotypé.
• – l’ennui prend le pas faute d’humour, et d’échanges avec le formateur.
• – le turnover s’avère important. Les taux d’absentéisme et d’abandon sont, de fait, très élevés.
Quand les formateurs parlent aussi votre langue
Des écueils plus rarement observés dans les centres classiques qui continuent de vanter un service de proximité. Même si la crise du covid et la réforme sur le CPF ont rebattu les cartes en favorisant la formation en ligne. « Il y a toujours une demande pour des contacts directs, souligne une coach en linguistique installée à son compte. Les formateurs employés dans ces organismes vivent près de leurs clients. Ils parlent le français et connaissent bien la culture hexagonale. Ils sont capables d’anticiper les difficultés, d’adapter leurs cours, et donc d’aider les apprenants à les surmonter. Bien sûr cela favorise les échanges spontanés. Quand une vraie complicité s’instaure, l’apprentissage est plaisant et donc beaucoup plus efficace. »
Comme le résume, un stagiaire ayant testé les deux formules chez International House London : chacune présente des avantages et des inconvénients. J’ai dû abandonner les cours low-cost pour pouvoir passer le test Cambridge. Le choix se fait en fonction de son budget, de ses objectifs et de son style d’apprentissage. Quelque soit la formule, l’essentiel est de pratiquer régulièrement pour progresser. »